En règle générale, je serais plutôt opposé à l'idée d'accompagner la pratique du tai-chi-chuan par de la musique. Son écoute peut en effet entraîner une distraction ou imposer ses rythmes et accentuations propres. Toutefois, la musique peut aussi être une source d’inspiration et permettre d’explorer certains aspects de la pratique tels que l’expressivité ou la rondeur des mouvements. Une exception est aussi la démonstration d'enchaînements de tai-chi-chuan à l'occasion de festivals ou spectacles. Naturellement, la musique traditionnelle chinoise se prête très bien à ce genre d’exercice, tout comme elle peut être propice à développer les qualités évoquées précédemment.
La musique traditionnelle chinoise possède par ailleurs quelques points communs avec la pratique du tai-chi-chuan. Tout d’abord, ses deux répertoires classiques sont le wen (文) et le wu (武). Le premier produit des œuvres qui peuvent évoquer la nature (paysages, animaux, …) ou inspirer des sentiments profonds, tandis que les pièces du second vont jusqu’à reproduire l’entrechoquement des épées ou le craquement des armures. Par ailleurs, la musique traditionnelle chinoise est basée sur la gamme pentatonique (par exemple, fa-sol-la-do-ré). Les cinq notes sont en correspondance avec les cinq phases de la pensée traditionnelle chinoise (respectivement, la terre, le métal, le bois, le feu, l'eau).
Voici une liste non exhaustive des instruments de musique traditionnels chinois les plus populaires :
- guqin (古琴), cithare sur table à sept cordes (l’instrument par excellence des lettrés) ;
- guzheng (古筝), cithare sur table à vingt et une cordes et chevalets mobiles (aïeul du koto japonais) ;
- pipa (琵琶), luth piriforme à quatre cordes (originaire de Perse) ;
- erhu (二胡), vièle à deux cordes entre lesquelles est imbriqué un archet ;
- dizi (笛子), flûte traversière en bambou.
Les instruments appartiennent traditionnellement à huit familles caractérisées par la matière qui produit le son : la soie, le bambou, le métal (par exemple, les gongs et les cymbales), la peau (par exemple, le tambour), le bois, la calebasse, le jade, la terre (par exemple, l'ocarina en porcelaine).
S'il existe des œuvres musicales pour lettrés, la musique traditionnelle chinoise a aussi puisé abondamment dans le fond folklorique de ses différentes ethnies depuis la Chine impériale. Voici par exemple un célèbre morceau de pipa évoquant les danses du groupe ethnique Yi (彝族舞曲), composé par Wang Huiran (王惠然) en 1960 :
Quant à l’œuvre qui accompagne le plus souvent la pratique du tai-chi-chuan, il s'agit sans aucun doute de Lune d’automne sur un lac calme (平湖秋月), composée par Lu Wencheng dans les années trente. Voici son interprétation au guzheng par Liu Fang, une artiste chinoise vivant aujourd’hui au Canada :
Une autre musique célèbre pouvant accompagner élégamment la pratique du tai-chi-chuan se joue aussi au guzheng et s'intitule Chant de pêcheurs le soir (渔舟唱晚) :
On pourrait multiplier les exemples, mais l'essentiel n'est-il pas de partir à la découverte de cette musique méconnue ? N'hésitez pas à laisser en commentaire vos propres trouvailles musicales, qu'elles soient destinées à accompagner la pratique du tai-chi-chuan ou non.
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Pop (mardi, 26 février 2019 13:13)
Merci pour votre article!