Ce billet se propose d'examiner le moment où il convient d'aborder les applications martiales dans la pratique du tai chi chuan. Car il faut bien les aborder un jour, à la fois pour acquérir un début d'efficacité martiale et pour compléter la pratique en solo, les deux modes de travail se nourrissant mutuellement.
Certains renvoient le travail des applications martiales aux calendes grecques tandis que d'autres les abordent trop tôt. Les premiers se limiteront trop longtemps au travail en solo, qui manquera inévitablement de substance. Les seconds appliqueront des techniques sans mettre en place des principes pas encore suffisamment intégrés dans leur corps et leur esprit. Quant à la tradition, elle recommande de consacrer suffisamment de temps au travail en solo avant d'aborder le travail à deux, sans pouvoir véritablement donner un temps précis, ce dernier dépendant aussi de chaque individu.
Dernièrement, un élève m'a confié des propos qui répondent en partie à cette question. Après quelques années de travail assidu en solo à apprendre puis affiner le premier enchaînement du tai chi chuan style Chen, le début du travail des applications martiales s'est révélé riche en surprises. Son corps avait déjà intégré certains principes de placement du poids, d'alignements dans la structure, d'établissement de lignes de force, qui ont grandement facilité le travail des applications martiales. Celles-ci semblaient découler naturellement de la forme, obéir à une logique intrinsèque, au lieu de se situer en dehors. C'est du moins ce que j'ai compris de ses confidences, et c'est précisément la méthode qu'il convient d'adopter. Ce témoignage n'indique pas avec précision le délai à respecter mais révèle ce que l'on doit ressentir quand on aborde ce travail, ce qui peut s'avérer être un bon diagnostic quant au moment opportun.
Pour conclure, insistons sur le fait que ce billet traitait du travail des applications martiales de mouvements des formes et non encore du combat, ce dernier intervenant plus tard, ou jamais. Les deux ne visent pas les mêmes objectifs, le second n'étant obligatoire que pour une certaine frange des pratiquants à l'inverse du premier, indispensable à tout pratiquant sérieux.
