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La force en tai-chi

Si certains répugnent à l'utiliser dans le cadre du tai-chi-chuan, le mot force exprime pourtant plusieurs notions importantes pour les pratiquants de cet art martial interne. Plusieurs acceptions existent, et plusieurs mots chinois sont possibles.

Définition de la force

En français, le mot force peut désigner plusieurs choses (liste non exhaustive) :

  • l'énergie, le pouvoir d'agir, la robustesse, la vigueur  (par ex. être plein de force et de santé) ;
  • ce qui modifie l'état de mouvement ou de repos d'un corps (par ex. les forces centrifuge ou centripète) ;
  • l'énergie qui est dans quelque chose (par ex. la force de l'eau ou du vent).

On constate donc que le mot force n'a rien de péjoratif et ne mérite pas d'être écarté pour décrire différents aspects de la pratique du tai-chi-chuan.

En chinois, le mot force peut se traduire typiquement par lì (力) ou par jìn (劲). Le premier signifie force ou capacité, le second force ou énergie. Leurs définitions semblent donc proches. D'ailleurs, certaines écoles emploient l'expression fā  (力) et d'autres disent jìn () pour exprimer exactement la même idée, à savoir émettre la force (voir par exemple la vidéo de Zhang Baozhong ci-dessous).

Force brute ou raffinée ?

Une distinction pourtant très courante consiste à réserver l'emploi de lì (力) pour désigner la force brute, grossière, tandis que jìn (劲) concerne une force raffinée, éduquée. Dans quels cas cette distinction est-elle justifiée ? Par exemple, la capacité fine qui consiste à sentir tactilement l'adversaire grâce au contact des bras se dit tīng jìn (听劲), celle qui consiste à comprendre ou interpréter ses actions en termes d'intensité et de direction se dit dǒng jìn (懂劲), et celle qui conduit finalement à transformer à son avantage cette action se dit huà jìn (化劲). Un autre exemple est la force rotationnelle comparable aux enroulements d'un fil de soie d'un cocon qu'on dévide, chán sī jìn (缠丝劲), par nature lente, continue et circulaire. Pour autant, lì (力) ne devrait pas seulement désigner, par opposition, une force grossière. En effet, on peut aussi l'employer pour décrire la manière dont le corps agit lors du travail d'un enchaînement ou face à un adversaire. La force est-elle dispersée, concentrée, correctement transmise ? On constatera donc qu'il convient de nuancer cette distinction souvent synonyme de hiérarchie entre des pratiques jugées rudimentaires et d'autres supposées supérieures.

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